À cette heure très matinale, mon cerveau n'est jamais tout à fait réveillé. Enfin, jusqu'à ce que j'aie bu ma première tasse de café, une mauvaise habitude que je perpétue malgré la conscience qu'un jour, il n'y en aura peut-être plus. En traversant le couloir de l'étage, mes yeux se posent un instant sur la porte fermée de sa chambre. C'est sa présence constante dans ma demeure qui m'empêche de dormir convenablement. Je ne nie pas mon désir de venir en aide aux autres, c'est la mission que je me suis donnée depuis le début de cette épidémie, mais d'avoir une inconnue sous mon toit... Ce n'est pas rassurant. Je me sens vulnérable, ne sachant pas tout à fait qui elle est, d'autant plus qu'à Alexandria nous ne pouvions pas garder des armes chez soi. Elle est peut-être une malade mentale qui n'attend que le bon moment pour m'étrangler dans mon sommeil? Je ne doute pas de ma capacité à me défendre en cas de besoin, même sans arme, mais je ne suis pas invincible également. Dans des temps aussi sombres, il est facile de se créer des scénarios et des doutes, voir même de devenir paranoïaque.
Je détache mes prunelles de cette planche de bois et descends au premier étage. J'observe le salon et constate sans difficulté les choses qui ont changé depuis son arrivé. Je ne peux m'empêcher d'avoir un sentiment d'envahissement, trop habituée de vivre seule depuis ma venue dans cette communauté. Je me dirige ensuite vers la cuisine, passant une main dans mon visage alors qu'un soupir me traverse les lèvres. Je devrai sans aucun doute m'y habituée, la ville commence à être de plus en plus achalandée. Nous n'avons pas le choix de partager nos biens... J'attrape la carafe de la cafetière pour préparer ma "drogue" du matin. Je fais couler l'eau dans cette dernière, mais ferme aussitôt le robinet, entendant un bruit suspect à l'étage. Je me fige devant le lavabo et lève les yeux au plafond, mon coeur battant la chamade dans ma poitrine. Et des bruits de pas peuvent se faire entendre là-haut... D'instinct, je délaisse la carafe dans l'évier et fouille dans le tiroir à ustensiles. J'en sors un couteau que je camoufle rapidement derrière mon dos alors que je me retourne vers l'entrée de la cuisine. Mon palpitant s'emballe, mais je vois bien que mon instinct de survie n'avait pas lieu d'être. Je tente d'avoir un air nonchalant devant Arielle et de camoufler cette arme improvisée dans mon dos.
« Bien dormi? » que je demande d'un ton décontracté.
Deux nuits déja que je suis coincée dans ce lieu qui me semble aussi attirant qu'hostile. Comment étions nous parvenu ici ? L'accident de voiture pour cette putain de mission de ravitaillement à laquelle je n'aurai jamais du participer. Cette mission que ma soeur m'avait suppliée d'oublier pour rester avec elle à la prison, car le danger était bien sur present et elle avait peur pour ma vie, douce enfant qu'elle est. J'aurais dû l'écouter, j'en suis particulièrement consciente désormais. Elle 'a beau être qu'une enfant de douze ans elle est intelligente et sais parfois mieux discerner les choses que moi. Si je l'avais écouté auparavant, peut etre vivrais je paisiblement dans une maison dans les bois avec un homme qui m'aimerais, nous aurions notre potager, notre chèvre, les produits de sa chasse ou de sa pèche. Une vie à la Laura Ingalls dans l'idée, mais que cette idée aurait pu être plaisante.
A la place de quoi, j'ai atterri avec ma petite troupe dans cette ville d'Alexandria, un lieu presque utopique lorsqu'on y pense, des jolies maisons, des humains vivants, un peu commme si les morts ne s'étaient jamais relevé. C'était même effrayant en un sens de les voirs se recevoir les uns les autres, de rire, de laisser des enfants courir dans l'herbe, de parler recette de cuisine et autre connerie du genre alors que là, dehors, il y a des monstres qui rêvent de les déchiqueter, de les dévorer. Cette ville est presque aussi grande que deux patés de maison, ce qui est une bonne chose car bien des personnes peuvent ainsi avoir leur propre chez eux, mais pour les nouveaux, comme nous, il faut faire avec ce qu'il y à. C'est à dire peut de maison encore libre. La maison que l'on avait proposé à notre petit groupe arrivant était légèrement trop étroite pour tous nous contenir. Pas assez de chambre et dans ce cas il faut faire, ce qu'il faut. Etant la seule personne n'étant pas une membre initiale du groupe de Rick, j'avais était désigné pour être celle qui irait vivre chez une inconnue. C'est un comble quand on y pense, sachant que Carol et moi étions voisine autrefois, que nous parlions de temps à autre et qu'il arrivait qu'elle vienne prendre un café lorsque son mari était au travail. Aujourd'hui elle n'était plus la douce voisine que j'avais connu autrefois et voici aujourd'hui qu'elle me rejettait pour ses nouveaux amis. J'avais la haine, clairement, simplement et j'avais du mal à le cacher.
On m'avais refourguée dans une jolie maison, agréable, douce, bien aménagée, je n'avais à me plaindre de rien, pas même de ma colocataire qui était gentille bien que distante. Pourtant quelque chose me chiffonait. Le fait que je sois ici et que ma soeur n'y soit pas! C'était une torture sans nom pour moi, comment savoir si elle allait bien ? Etait elle malade ou bien portante ? Me pensait elle disparue ou tout simplement morte ? La prison elle même avait elle était attaquée et ma soeur tuée, kidnappée, violée ? Les scénarios et autres cauchemars n'avaient cessés de tourner en mon esprit et les nuits courtes bien que je sois dans cette chambre, tournant dans un lit qui me semblait bien trop grand et confortable, moi qui n'avais plus l'habitude. J'attendais sagement le reveil de cette femme au nom mythologique, que j'entendis finalement marchais doucement sur le parquet de notre étage. Elle était distante depuis mon arrivé. Comme si elle avait peur que je vienne l'assassiner, moi qui au final n'en avais pas grand chose à foutre de sa vie. J'étais pas violente et sachant que je n'avais rien amenée avec moi, pas même mes supers livres pour m'occuper, je n'étais pas celle qui prenais le plus de place.
L'entendant s'activer doucement en cuisine, je pris la décision de sortir du lit, enfilant rapidement mon jean sur ce t shirt d'homme trop grand pour moi que l'on m'avais offert pour dormir. Il avaient de tout ici, même des reserves de fringues, c'était plutot amusant en un sens une sorte de centre commercial géant, gratuit. Car ici beaucoup cultivaient l'oisiveté. Descendant les escaliers doucement je la rejoignit presque timidement, souriant d'un air peu assuré alors qu'elle me posait une question basique et pourtant...
"Bof...pas habituée à dormir dans un lit et puis je m'inquiète toujours pour ma soeur..."
Je me gratte un peu la tête, posant mes fesses sur un tabouret non loin, la gueule et les cheveux en vrac.
"Tu veux que je prépare le café ? Ou que je fasse quelque chose ? Ca me tue d'avoir rien à faire..."
Je me sens soudainement stupide. Alors que je devrais faire preuve d'une hospitalité exemplaire en faisant tout en mon pouvoir pour rendre cette jeune étrangère à l'aise dans notre communauté, je me créais des scénarios funestes et m'érigeais une carapace insensible. Malgré tout ce temps passer à vivre parmi d'autres gens, l'humain demeure un être égoïste qui pense à sa propre survie avant tout. Et ce trait de notre race est d'autant plus prédominant depuis que l'apocalypse a décidé d'éclater parmi nous. Je serre le manche du couteau dans ma main qui est camouflée derrière mon dos. Je n'ai aucune raison de me méfier de la sorte... Si elle m'avait voulu du mal, elle n'aurait pas attendu que je sois si près d'instruments de cuisine avant de frapper. Je m'accoste contre le comptoir derrière moi et dépose subtilement l'ustensile sur le marbre, tentant de demeurer le plus nonchalante possible. J'écoute la réponse de mon invitée d'une oreille, mon attention se retrouvant quelque peu partagée à cet instant précis. Une fois départie de mon arme de fortune, je me rassure de constater que mon attitude n'a peut-être rien de louche aux yeux d'Arielle. Tant mieux. Ce n'est pas dans mon intention de créer davantage de tensions... Surtout pour un réflexe qui n'a pas raison d'être. J'acquiesce simplement aux dires de la jeune femme, compréhensive qu'il faut un moment d'adaptation lorsqu'on débarque dans un campement tel que le nôtre. Ça n'a rien à voir avec l'extérieur... Et ça peut être plus que déroutant. Même complètement utopique.
« On s'y habitue rapidement, par contre, » que je rétorque en haussant les sourcils et en observant distraitement la maison qui me sert de logis depuis ce qui me semble une éternité.
Beaucoup trop rapidement même. Il est facile dans ces conditions d'oublier ce qui se trame à l'extérieur de ces murs et de s'asseoir confortablement sur notre derrière. C'est notamment pour cette raison que je m'acharne à vouloir effectuer des missions dehors, je ne veux pas oublier. Je sais que le danger rôde toujours et ce n'est pas prudent de faire comme s'il n'existait pas. J'affiche un bref sourire compatissant sur mes lèvres, toujours incertaine du niveau de familiarité que je peux m'autoriser à offrir à la rouquine. Il est encore trop tôt pour affirmer lui faire confiance, mais je me reconnais tout de même dans son sentiment de nouveauté.
« J'étais justement en train de le préparer, » que je déclare lorsqu'elle demande de faire le café.
Je quitte mon point d'ancrage et retrouve la carafe que j'ai délaissé une minute plus tôt dans le lavabo. Je termine de la remplir pour ensuite vider l'eau dans la cafetière.
« Tu es douée pour la cuisine? Il y a des oeufs et du lait dans le réfrigérateur, j'avais prévu nous faire des omelettes pour le petit-déjeuner. »
Autant se répartir les tâches. Lorsqu'on vagabonde à l'extérieur, il y a toujours un petit truc à penser, une tâche pour s'occuper les mains... Ici, on peut facilement se sentir inutile. La vie à Alexandria peut rapidement se résumer à cuisiner, ranger, socialiser, dormir... C'est parfois irréel de croire qu'il est possible de faire toutes ces choses. J'ajoute les grains moulus dans le filtre avant de mettre en marche la cafetière. Ne pouvant me contenter de rester debout dans la cuisine à ne rien faire, je sors déjà les couverts que j'installe au bout du comptoir où était installée Arielle. Dans ce bref silence, ma tête se met à cogiter et à s'interroger sur la situation de la jeune femme.
« Ta soeur... Ça fait un moment que tu l'as vu? »
WELCOME TO THE HELL
Arielle Campbell
MESSAGES : 356 ARRIVÉ : 09/10/2015
Sujet: Re: keeping our hearts cold (Arielle) Dim 17 Jan 2016 - 6:32
Mes craintes se font plus réelles maintenant que nous parlons. On s'habitue rapidement à l'oisiveté, au fait de ne rien faire, d'oublier qu'au dehors de ces murs, loin de ce lieu ou les femmes continu de cuisiner, les hommes de rire et de jouer, il y a des morts qui marchent parmi les vivants, qui tente de les dévorer de faire d'eux de nouveaux soldats pour leur armée. Je ne voulais pas oublier tout cela, je ne voulais pas relâcher ma garde, car cela était signe pour moi de mort, de défaite, de souffrance. La dernière fois ou j'ai quelque peu relâchée ma garde avec ce groupe militaire deux de mes sœurs sont deux. Deux d'entre elles nous ont quittée, l'une tuée par une balle, la seconde dévorée par un cadavre ambulant. Comprenait donc que je me tende quelque peu lorsque cette demoiselle me dit que l'on ne s'y habitue que trop rapidement. Je soupire donc quelque peu, me promettant de ne pas me laisser aller à la monotonie et l'habitude.
Mais pour l'instant,il fallait que je boive un café ! Le café était une chose merveilleuse, une drogue que j'aimais plus que certaines autres choses et l'apocalypse ne m'avait pas aider à poursuivre cette addiction, au contraire j'avais été contrainte et forcé d’arrêter le café, alors pouvoir reprendre cette habitude ici c'était le grand luxe, la joie ultime et je voulais m'y adonner complétement. D’où le fait que ce soit l'une des première chose que je propose à cette chère Athéna, du café, de la drogue, de la survie après le réveil et la dur nuit que j'ai passée et voilà qu'elle m'annonce le préparé ? Mais c'est un ange cette femme ! Je pourrais la bénir dès à présent sans même chercher à comprendre plus loin et maintenant elle me parle de cuisine ? D’œufs ? Mais je suis au paradis ou quoi ? Franchement, vivre ou plutôt survivre dans la nature, manger ce qu'on trouve, des conserves, des baies, des racines, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux, cela permet simplement de survivre un peu plus longtemps, de ne pas tomber d'inanition et voilà qu'on repars sur la cuisine ? Je souris comme la dernière des abrutie, allant directement au frigo pour trouver ces œufs et ce lait que je sors pour commencer ma préparation.
« Je suis une as de la cuisine ! Ainée de six filles, je peux te dire que j'ai tres tôt appris à cuisiner avec ma mère pour aider ! »
un large sourire prend mes lèvres à ce souvenir, ma mère comptée tellement sur moi, l'aînée, celle qui pouvait l'aider, celle qui voulait l'aider. Je me revois dans la cuisine avec apprenant à faire des tartes et des brioches, des lasagnes et du poulet. J'avais tout appris d'elle et même lorsque ce n'était pas des plus réussi, elle me félicité pour mon travail, pour mon essai. Chaque échec était un pas de plus vers la réussite, voilà ce qu'elle me disait et j'aimais cela. Une vague de nostalgie me prit, me serrant quelque peu la gorge, m'obligeant à tenir le silence alors que je prenais un cul de poule et un fouet pour pouvoir préparer l'appareil à Omelette, mais cela passerait vite. Je devais me reprendre, ne pas me laisser avoir par les souvenirs,cela n’amènerait rien de bon. Je fouettais donc avec vigueur mes œufs et mon lait, préparé le sel et le poivre, laissé chauffer la poêle sur le feu et reprenais la discussion sur la nuit passée, sur le fait que je ne dorme que peu suite à l'inquiétude que j'ai pour ma sœur, chose normale non ? Une enfant de douze ans abandonnée à elle même. Comment ne pas avoir peur ? Je savais certes que d'autres personnes là bas prendrait soin d'elle, je m'étais assuré de la chose avant de partir en mission, mais tout de même, j'étais inquiète.
« Quand on est parti pour le ravitaillement...je m'attendais pas à ce qu'on ai un accident et qu'on ne rentre pas au camp...elle n'a que douze ans tu sais, c'est encore une petite fille... »
Je soupirais quelque peu, laissant l'appareil à omelette envahir la poèle et commencer à cuir. J'allais faire les œufs brouillés, ce serait plus simple. Mais la discussion n'était pas terminée pour autant.
« J'espère pouvoir la rejoindre rapidement et la ramener ici...elle sera plus en sécurité dans ce groupe que là bas...et toi, tu as des frères, des sœurs ? Un amant fougueux aux muscles d'acier ? »
Je ris quelque peu, remuant tranquillement les œufs dans ma poèle, curieuse de sa réponse, cherchant encore et toujours à changer de sujet et éloigné la peine.
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keeping our hearts cold (Arielle)
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