La course. Voila ce qu'est notre vie depuis des jours et des jours. Courir pour vivre, pour survivre, pour échapper à ces personnes qui ne sont plus elles même qui ne rêve que de votre chair, de vos os. Et plus que tout, fuir les souvenirs, les regrets, les remords et bien sur, les questions.
Félicia me suis comme toujours, je ne pourrai faire autrement que la forcer à me suivre, même si je devais la porter, la traîner ou que sais je encore, elle me suivrais.  Mais ses yeux, ses grands yeux de biches emplie de tristesse, de larme ou de colère. Je ne sais les regarder. Je ne suis pas assez forte pour voir au fond de ses pupilles ce que je sais. Meurtrière.
Je prend l'entière responsabilité de la mort de mes sœurs sur mes épaules. Je sais que j'aurai pu faire plus. Moi, l’aînée, celle qui  avais juré de les protéger et qui pourtant était toujours en vie contrairement à ses cadettes.
Les jours se suivent et se ressemble. Fuite, nourriture peu agreable, tout juste de quoi survivre, puis le froid de l’extérieur, la pluie qui nous trempe jusqu'aux os et les nuits, pleines d'insomnies, de cris et de cauchemar.
Les bois nous ont engloutis ainsi, arbres encore et toujours, feuilles craquant sous nos chaussure, et Félicia, pleura nos sœurs, sa jumelle, me reprochant leur mort,  se plaignant de toutes ces choses dont j'ai parlé au dessus et finalement, mes nerfs ont lâchés. J'ai tout simplement craqué, perdu pied et cela s'est traduit par la fièvre, la douleur de mes muscles, la difficulté à avancer, et c'est toujours dans ces moments là que viennent les morts, les rôdeurs, ces créatures avides devenu maître de notre monde.
A leur merci, sans moyen de me défendre au vue de mon état, je ne peux que tenter de fuir, sous les cris de Felicia me suppliant d'avancer, de fuir, mais je peux à peine à le faire tant le monde tangue autour de moi et c'est dans un souffle que je demande à ma sœur de fuir. Car qui dans ces bois pourrait venir à mon secours ?

La mort est là, elle approche et je l'entend. J’entends les grognements et les pas traînant dans les feuilles mortes, la mort à faim et à un repas à sa portée. Moi. Je suis là , buffet à volonté femme offerte à leurs dents et leurs mains, cette étincelle de vie brillante à leur yeux eux qui ne sont plus que ténèbres. La peur m'enserre les tripes, les larmes me montent au yeux. Je ne survivrai pas cette fois. Je n'ai plus la force de me relever et de courir, mon front est brûlant, mes membres tremble et plus que tout, mon esprit est nébuleux perturbé. J'entrevois au loin ma sœur, pleurer, courir comme elle le peut, effrayée à l'idée de se retrouver seule, détruite par la possibilité d'être abandonnée à nouveau, de perdre la dernière personne à qui elle tiens, qu'elle connais. Mais que puis je faire si ce n'est ce sacrifice, ce renoncement ?

Je sens le démon se rapprocher, ce n'est plus qu'une question de secondes avant que ses dents ne se plante en moi, me déchire comme un fétu de paille. Supporterais je la douleur ? Mon état me permettra t il d'être anesthésiée ? De ne pas trop souffrir ? La mort viendra t elle vite ? Pourvu qu'ils détruisent mon cerveau, qu'ils le dévore, que je ne devienne pas l'une d'entre eux, que je ne me mette pas à la poursuite de celle que j'ai toujours voulu protéger. Et alors que j’attends la mort, que je m’apprête à souffrir. Rien ne se produit. Dieu aurait il eu pitié de moi ? Serais je si anesthésiée par la maladie que je n'aurai pas même senti les dents dans ma chair ? Non, relevant doucement la tête, j’aperçois un homme blond, barbu. Est ce un ange descendu du ciel pour m'accueillir ?

Il semblerai que non, cet homme n'est ni un ange, ni dieu. C'est juste un homme, un homme comment tant d'autre si je peux dire ainsi, car lui contrairement à d'autre à survécu et viens en aide aux autres. Pourquoi était il venu à notre secours alors qu'il aurai pu simplement tourner les talons attendre qu'on meure et venir piller les cadavre ? J'avais une dette envers lui désormais. Une dette que je ne pourrais peut être jamais lui rembourser et pourtant alors que je vois Félicia fuir, je ne peux m’empêcher de gémir, de chercher à tendre le bras vers elle pour l'attirer à moi, l'empecher de fuir, de risquer d'être attrapée par un mort dans un lieu ou je ne pourrai rien faire pour elle. Contradictoire avec l'idée que j'avais de mourir quelques instant auparavant ? Certes, mais la donne avait changée.

L'homme prêt de moi tué les morts avec une facilité qui me semblait presque déconcertante. Quelque coups de couteaux, de coups de feux et voici que je sens mon corps décoller du sol deux bras musclé me tenant fermement avant de me poser délicatement sur une épaule tel une sorte de sac à patate mais je m'en fiche. Il m'a sauvé c'est ce que je retiens et c'est ce qui me semble important. Alors je le remercie plusieurs fois d'une voix faible et fatiguée, puis je demande après ma sœur, je demande à ce qu'on la protège car elle est petite, qu'elle ne saura pas se débrouiller toute seule. J'ai peur qu'on ne la retrouve pas, mais le temps que cela se fasse, j'ai déjà perdue connaissance à cause de la fièvre.